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lokum et compagnie

26 janvier 2005

Expédition patagone

Comme certains le savent déjà le Lokum s'est mis en tête d'aller traîner ses guêtres sur les sentiers patagons. Ayant entrepris cette périlleuse expédition seul, faute de partenaire motivé, givré, solvable et disponible (quatre conditions encore jamais réunies à ce jour), il lui faudra se munir de toute la panoplie de survie, (et qui plus est ensuite la porter), du parfait montagnard.

Je suis donc à la recherche de : 
- un sur-pantalon GoreTex robuste, et de taille raisonnable,
- une tente adaptée à la montagne (températures basses), risque majeur de gros coup de vent et d'intempéries (neige et pluie), LEGERE!,
- un tapis de sol auto-gonflable,
- popote et réchaud,
- tout accessoire qui vous semble indispensable et dont je n'ai pas encore l'idée ajd.
- pourquoi pas également un sac à dos d'une soixantaine de L, de préférence taillé pour les femmes..., mais pas forcément. Ceux qui ont déjà croisé le mien savent que c'est un monstre pesant. (70L+10)

Si je ne parviens pas à me faire prêter ou à louer une partie de ce matériel, je pense bien sûr renoncer à ce rêve merveilleux (petit coup de pression à ce qui hésiteraient à me prêter leur caleçon autochauffant chéri), car le coût à l'achat de ce matos technique est exhorbitant! Faites marcher les relations...

Si j'arrive à boucler mon budget, je tâcherai de tenir au courant ceux qui se soucient de moi par quelques messages illustrés dans ce blog.

Pour ceux qui s'inquiètent une fois de plus de ma santé mentale, et/ou mon intégrité corporelle, rassurez-vous, cette entreprise n'est pas si solitaire et si suicidaire qu'elle n'y parait : dans les quelques voyages que j'ai déjà entrepris seule, j'ai toujours fait la connaissance de gens sympathiques (hommes, femmes, couples, vieux ou jeunes, ... pas de mauvais esprit s'il vous plait) avec lesquels j'ai fait des bouts de chemin. Je ne compte donc pas m'aventurer absolument seule sur la face nord de l'Anapurna, mais faire des gentilles balades en emboitant le pas à quelques joyeux randonneurs. Simplement, ne pouvant compter de manière absolue sur personne, je dois prévoir le pire et être en parfaite autonomie.

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26 janvier 2005

les petits déjeuners de traverse du Lokum (offre exceptionnelle, valable selon conditions* durant le mois de février 2005)

Le Lokum adore les petits déjeuners

J'admire tous ceux qui parviennent, le matin avant d'aller travailler, à se dégager un moment pour eux. Ceux qui prennent le temps de rêvasser, de faire la vaisselle, passer l'aspirateur, prendre un bain, se pomponner, bouquiner, regarder la télé, que sais-je?...

Je respecte ceux qui simplement prennent le temps de se laver, s'alimenter, s'habiller, pourquoi pas se maquiller, se coiffer...

Je plains ceux qui, comme moi, se catapultent péniblement hors du lit et se retrouvent dehors à peine dix minutes plus tard à affronter la trépidente circulation terrestre et/ou souterraine et ce parfois au péril de leur vie. Ce faisant, ils ont souvent déjà perdu pour une journée de plus toute crédibilité aux yeux de leurs semblables, dû à la marque de l'oreiller au travers de la joue ou au travail implacable du casque aplati sur des cheveux encore mouillés donnant un look médiéval à une coupe de cheveux déjà plus très fraîche.

Par conséquent, j'invite ceux de mes amis (quelle que soit la catégorie à laquelle ils appartiennent) à qui ces modestes réflexions parleront à venir voler avec le lokum quelques moments matinaux.

*Pour ceux qui n'ont pas de (vrai) job ou ceux dont le job permet cette flexibilité, le lokum vous convie les mecredi matin et les jeudi matin du mois de février, à partir de 8h30, à venir prendre un petit déjeuner dans sa boîte à chaussure.
Il vous garanti, un jus d'orange pressé, beurre, confiture, miel, des oeufs (sur le plat, à la coque ou brouillés,...), thé, café.
Il se réserve le droit de complèter tout cela, et selon la saison et les arrivages, de fromage blanc, fruits frais, ....
Son gentil invité, lui, aura pensé, chemin faisant, à acheter du pain frais.

Le lokum se faisant un devoir de remettre ce(-tte) jeune égaré(-e) sur le droit chemin après ce bout de chemin de traverse, se fera un plaisir de le (la) droper d'un p'tit coup de scoot, à la station de rer, de métro ou de bus demandée.

Pour ceux pour qui le détour est trop long, ou dont le job ne présente pas la flexibilité requise, je propose des séances de rattapage certains dimanche, selon le calendrier du volley.

Réservation obligatoire par téléphone**
- avant lundi 16h00 pour le petit dej' du mercredi,
- avant mercredi 16h00 pour celui du jeudi,
- avant samedi 12h00 pour celui du dimanche.

** vous comprendrez que je ne désire pas mettre mon numéro de portable en ligne. Les étourdis qui l'auront égaré se le verront communiquer sur demande par mail.

19 janvier 2005

mercredi, le jour des enfants

Mercredi, jour des enfants, pour une fois je ne travaille pas et je me suis levée un peu tard (mais pas trop) avec les cris des marmots dans la cour de récré de l'école derrière chez moi qui fait office, lorsqu'elle est fermée, de centre aéré.

D'habitude, à cette heure là, je suis avec mes marmots à moi, les boubou, sikou, zahara, djambou, omar, driss..., à Aubervilliers.

L'autre jour, à 13h30, au moment des urgences, ils ont même fait la compet'... C'était à celui qui serait le plus jeune..., et qui aurait la plus grosse carie... Après un petit Rayane, maghrebin, 3 ans et 6 mois, avec des cratères sur ses molaires de lait, j'ai vu débarquer Marie-Landy, antillaise je crois, 3 ans et 5 mois avec quelques quenottes non moins brillamment explosées... M'enfin le champion du monde c'est quand même Omar, égyptien, tout juste 3 ans...

Lorsque j'ai des minus comme ça entre les doigts, c'est toujours une aventure, comme faire ses premiers pas sur une terre vierge, surtout ne pas gâter cette innocence. Acquérir leur confiance avec patience et leur prodiguer avec douceur les soins dont ils ont tellement besoin...

Quel bonheur de les voir revenir ensuite, le sourire aux lèvres... Mais c'est toujours une légère appréhension : jusqu'ici tout va bien, mais surtout ne pas les décevoir...

Boubou, s'allongeait toujours au fauteuil, souriant, les jambes croisées comme en tailleur, et les deux bras en l'air, les mains sous la nuque. Et puis lorsque c'est le moment de commencer, l'inquiétude est là, habilement masquée derrière une pluie de questions, histoire de gagner encore un peu de temps : "qu'est-ce que c'est ça, ..., tu vas faire le moustique (la piqûre, l'anesthésie quoi) aujourd'hui?, et pourquoi ceci, et pourquoi cela?..". Mais Boubou ne vient plus, je ne sais pas pourquoi.

Heureusement Djambou, elle, est de retour. Elle a grandi et après m'avoir sauté au cou pour me faire un bisou, elle me sourit avec une dent sur deux. Les premières quenottes de lait sont tombées, et les premières dents définitives pointent leur nez et semblent énormes dans cette bouche d'enfant. Son père me dit, le regard préoccupé, qu'il ne touche plus la CMU, qu'il ne sait pas comment il va payer ses factures ce mois-ci. Djambou a quatre autres frères et soeurs. Alors je demande au père de continuer à me les emmener malgré tout régulièrement, que c'est bien et que c'est important... Et je ne facture pour Djambou qu'un soin sur deux. (Chut, ne le dites pas à JVK).

Driss, enfin, le chouchou de Saadia (mon assistante) et moi. Un petit afro-asiat (mère vietnamienne, et père sénégalais, qui lorsqu'il ne se fait pas soigner accompagne sa maman, flippée et lui lâche la main en lui disant : "tu vas voir, maman, ça fait pas mal, ça va aller...". Driss a tout juste cinq ans...
L'autre jour, il rentrait d'un séjour d'un mois dans sa famille du Sénégal : "alors, Driss, tu as vu des animaux là-bas?... Oh oui, j'ai vu des vaches,... Et quoi d'autre?... Des poules, une chèvre et un canard" me raconte-t-il émerveillé! Double paradoxe : moi je m'attendais à ce qu'il me parle de zèbres, de lions ou de divers animaux qui me semblent exotiques..., alors qu'en Afrique aussi, il y a tout simplement des fermes avec des basse-cour très semblables à celles de nos campagnes...et lui, qui a grandi à Aubervilliers village, entre la cité des "quatre mille", les voies du RER B et l'auto-pont de l'A86, a dû faire 5000 km en avion pour découvrir pour la première fois une poule, une vache ou un mouton. Comme quoi, l'exotisme n'est pas toujours ce que l'on croit, ni où on le croit.
"Et ta famille, là-bas? Tu as rencontré des cousins, des oncles, des tantes, ton grand-père et ta grand-mère? ...Oh oui, plein de gens! Et ma grand-mère, elle est très vieille, et elle arrête pas de bouger partout...".

Enfin, il y a aussi les Clara... Elle est tout aussi mignonne, mais des comme ça, il ne faut pas en abuser, sous peine d'y laisser la santé. Clara, du haut de ses 8 ans est hyper flippée. En ce qui me concerne, il a donc fallu, pendant trois bons quart d'heure, passer du calme le plus profond et le plus persuasif pour gagner sa confiance, expliquer chaque chose et présenter chaque instrument (sauf la "piqûre" qu'il faut toujours réussir à masquer), à une colère feinte et non moins ferme pour avancer pas à pas dans le soin (dont elle avait le besoin urgent sous peine de ne pas dormir une fois de plus la nuit en proie à d'horribles souffrances qu'une enfant de cet âge ne devrait pas connaître) et ce malgré ses accès proches de l'hystérie où elle criait et gigotait avant même que j'ai eu le loisir d'introduire un instrument dans sa petite bouche... Le moment est venu où, de façon très brève (un quart de seconde), j'ai été contrainte de lui faire très (très) mal, sans pouvoir la prévenir (sous peine d'aller dans le mur), et tout en étant obligée de lui expliquer après coup que je savais que je lui avais fait mal, que c'était pour son bien et que ça n'arriverait plus jamais (...si elle se brossait les dents et cessait d'explorer les placards de la maison en quête d'un chocolat ou d'un bonbon). Bref, ça, pour le coup, c'est pas du gâteau!

Il y a les adultes aussi. Madame Z. Déjà deux absences non excusées à la suite... Je lui remonte les bretelles et lui dit que c'est sa dernière chance... Que c'est pareil pour son fiston, Gentil-Carel. Geneviève Z a une quarantaine d'année mais elle en fait bien plus...Il lui manque un paquet de dents, celles qui lui restent sont passablement usées, bref, dans cette bouche la misère a mis un bon boxon. Ce que je ne m'explique pas est que quand je l'avais vu l'an passé, elle bénéficiait de la CMU et a vu ses droits "rétrogradés" à une AME... J'ose une question... Elle est en situation irrégulière... a quitté son pays à cause de la guerre...
Madame Z. désire, légitimement d'ailleurs, qu'on lui remette des dents. Mais pour ce faire dans un boxon pareil, il faut réaliser, au bas mot, une dizaine de couronnes sur les dents antérieures (donc céramiques, dont très chères) pour espérer avoir l'espace de caser quelques dents au niveau des édentements... L'AME ne prenant en charge "que" 100 % du tarif sécu, tout le dépassement reste à charge de madame Z, soit pour un traitement pareil, pas loin de 3000 euros... La CMU, elle, offre cela "gratos". Je suis donc contrainte d'expliquer à ma patiente la marche à suivre :
1- régulariser ses papiers (super...là je sais que c'est pas un scoop pour elle, et j'ai même l'impression de remuer le couteau dans la plaie)
2 - obtenir la CMU
3 - me donner la preuve qu'elle est capable de venir régulièrement et ponctuellement à ses rdv avant que je ne me lance dans un traitement à la fois long et compliqué et que j'engage ainsi les 3000 euros "offerts par la sécu"... Bref ça se mérite... Lorsque je lui rappelle qu'une fois de plus elle est arrivée avec 15 minutes de retard, elle me répond le plus simplement du monde qu'aujourd'hui ça a mis plus de temps que d'habitude pour obtenir à manger aux Restos du Coeur...
Je suis impuissante et bouleversée!

Enfin et cette fois c'est le dernier, c'est promis! Monsieur C.
Monsieur C. m'appelle presque tous les jours pour savoir quand est son prochain rdv, à quelle heure, quand il aurait son appareil et combien ça lui coûterait. Monsieur C parle comme un enfant. Une fois de plus je me fâche au bout du fil lui promet de l'appeler, comme d'habitude lundi prochain un quart d'heure avant son rdv.
Monsieur C. a 47 ans, il m'a dit un jour que sa maman était gitane et son père espagnol. Madame C., sa soeur est venue me voir également plusieurs fois. Je n'ai une chance de la voir à ses rdv que le matin, car elle est alcoolique et titube l'apm, et j'ai un appareil qui lui appartient et attend depuis trois mois dans un placard, car elle économise les 21 euros qu'elle doit payer pour la réparation. Monsieur C. donc, a 47 ans et en parait 70. Lors du premier rdv je lui pose les quelques questions habituelles, auxquelles il me répond de manière inconditionnelle et enfantine "je sais pas". J'obtiens malgré tout le nom de son assistante sociale dont je retrouve les coordonnées téléphoniques dans l'annuaire des employés de la mairie. Cette femme m'apprend donc que monsieur C. est un ancien toxicomane, qu'il est amnésique (son amnésie s'est avérée par la suite tout à fait sélective), qu'il est suivi par le Dr X. à Avicenne et aussi en hôpital psychiatrique de jour. Elle ne veut pas me donner de renseignements précis sur son état de santé : "secret professionnel". Après de nombreux autres coups de fil, je sais donc que monsieur C. est un ancien toxico (addictions multiples et variées), qu'il est séroposif, et je déduis de sa longue liste de sédatifs, anxiolytiques et autres psychotropes que sa désintoxication est toute relative... Toujours est-il qu'il est doux comme un agneau, et que moyennant le traditionnel coup de fil avant le rdv, il est assidu et ponctuel à ses rdv. Il y aurait encore beaucoup de choses à dire sur ce personnage qui est au combien peu engageant (à tous les niveaux) au premier abord, mais tellement touchant et attachant. Maintenant que nous lui avons rendu le sourire et qu'il n'a plus besoin de nos soins, ses coups de fil intempestifs vont nous manquer.

10 janvier 2005

...crier à tue-tête ses meilleurs voeux à tous les êtres qui lui sont chers...

Pour la nouvelle année, et à la vue de ses premiers flocons le Lokum, fou de joie, était de sortie...

Il s'était réveillé dans une boîte à Lokum toute en neige, l'Iglookum, dans laquelle filtrait une douce lumière bleutée,

Le temps de réveiller ses membres engourdis par la fraîcheur de sa blanche demeure,

il s'ébroua,

et se mit en tête de s'aventurer dehors,

non sans manger un peu de neige et réaliser quelques efforts,

afin de parcourir la vallée et d'y crier à tue-tête ses meilleurs voeux, à tous les êtres qui lui sont chers, à la nature et à la Terre entière.

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